Le fonds en euros est le pilier de l'assurance-vie pour des millions d'épargnants, synonyme de sécurité et de capital garanti. Mais savez-vous réellement ce qui détermine son rendement, année après année ?

Une idée reçue tenace voudrait que sa performance soit directement liée à la santé financière de l'État français et à sa dette.


Démêlons le vrai du faux.


La Composition d'un Fonds en Euros : Un Cocktail Sécurisé

Pour comprendre la rentabilité d'un fonds en euros, il faut d'abord regarder ce qu'il y a dedans. Loin d'être un investissement monolithique, un fonds en euros est un portefeuille diversifié géré par l'assureur. Son objectif principal est la préservation du capital.

Pour cela, il est majoritairement composé d'actifs peu risqués, principalement des obligations.

Voici la répartition type :

Obligations d'États (60% à 80%) : C'est le cœur du réacteur. Les assureurs achètent massivement de la dette émise par des pays jugés très solides, principalement ceux de la zone euro. Historiquement, les obligations de l'État français (OAT) y tiennent une place de choix en raison de leur liquidité et de leur faible risque perçu.

Obligations d'entreprises (10% à 20%) : Pour chercher un peu plus de rendement, les assureurs investissent également dans la dette d'entreprises bien notées (grandes industries, banques, etc.). Le risque est légèrement supérieur, mais le rendement attendu aussi.

Immobilier et Actions (5% à 15%) : C'est le "moteur de diversification". Une petite partie du fonds est investie dans des actifs plus dynamiques comme l'immobilier (via des SCPI par exemple) ou les actions. Cette poche, bien que minoritaire, est essentielle pour booster la performance globale du fonds.


Alors, le Rendement Dépend-il de la Dette Française ?

Oui, en grande partie, mais de manière indirecte.

La performance de votre fonds en euros n'est pas indexée sur le montant de la dette française, mais sur le rendement des obligations qui composent le fonds.

Le mécanisme est simple : quand un assureur achète une Obligation Assimilable du Trésor (OAT) française d'une durée de 10 ans, l'État français s'engage à lui verser un taux d'intérêt fixe chaque année. Ce taux d'intérêt, fixé au moment de l'achat, constitue une part importante du revenu généré par le fonds en euros.

Par conséquent, la rentabilité de votre fonds dépend directement du niveau des taux d'intérêt au moment où l'assureur investit.

L'impact décisif des taux d'intérêt

Quand les taux sont bas : Si les nouvelles obligations émises par la France offrent de faibles rendements (comme ce fut le cas pendant près d'une décennie), les assureurs gagnent peu sur leurs nouveaux investissements. Cela tire mécaniquement la performance moyenne de l'ensemble du fonds vers le bas.

Quand les taux montent : À l'inverse, la récente remontée des taux directeurs par la Banque Centrale Européenne est une aubaine. Les nouvelles obligations d'État offrent des rendements bien plus attractifs. Les assureurs peuvent donc investir dans des actifs plus rémunérateurs, ce qui permet de revaloriser progressivement le rendement des fonds en euros, comme on l'observe depuis 2023.


Quels Sont les Risques pour l'Investisseur en Assurance-Vie Française ?

Si le fonds en euros est conçu pour être sécurisé, l'enveloppe de l'assurance-vie n'est pas exempte de tout risque. Il est crucial de les connaître pour investir en toute sérénité.

Le risque de perte en capital sur les Unités de Compte (UC)

C'est le risque le plus direct. Contrairement au fonds en euros, les Unités de Compte (actions, fonds immobiliers, etc.) ne garantissent pas le capital investi. Leur valeur fluctue à la hausse comme à la baisse en fonction des marchés. Un contrat investi à 100% en UC comporte donc un risque de perte en capital, en contrepartie d'un potentiel de rendement plus élevé.

Le risque de faillite de l'assureur

Bien que très rare en France, ce risque existe. En cas de défaillance, le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP) intervient, mais il garantit les dépôts à hauteur de 70 000 euros par assuré et par assureur. Pour les patrimoines importants, ce plafond constitue une limite.

Le risque de blocage des retraits (Loi Sapin 2)

En cas de crise financière systémique, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) peut bloquer temporairement les retraits sur les contrats français. C'est une mesure exceptionnelle qui n'a jamais été activée, mais dont l'existence même constitue un risque.

Le risque de rendement réel négatif sur le fonds en euros

Même avec un capital garanti, si son rendement est inférieur au taux d'inflation, votre épargne perd de sa valeur en termes de pouvoir d'achat. C'est un rendement réel négatif.


L'Alternative pour une Protection Maximale : Le Modèle Luxembourgeois

Face à ces risques, notamment le plafond de garantie et le possible blocage des retraits, une alternative se distingue pour les épargnants avertis. C'est pourquoi, pour les personnes physiques qui en ont les moyens, la souscription d'un contrat d'assurance-vie de droit luxembourgeois est fortement recommandée.

Ce cadre offre une double sécurité inégalée :

Une garantie illimitée sur les actifs grâce au "triangle de sécurité" et au "super privilège", bien au-delà des 70 000€ français.

L'absence de dispositif équivalent à la loi Sapin 2, assurant la disponibilité de vos fonds à tout moment.

Plus encore, si les moyens le permettent, il est possible d'allier le meilleur des deux mondes : souscrire un contrat sous protection luxembourgeoise et en confier la gestion à des experts basés en Suisse. Cette stratégie combine la forteresse légale du Luxembourg à l'excellence reconnue mondialement de la gestion de fortune suisse.


Conclusion : Plus qu'une Simple Histoire de Dette

Affirmer que la rentabilité du fonds en euros repose uniquement sur la dette de la France est un raccourci. Elle est fortement influencée par le rendement des obligations d'États européens, dont la France est un acteur majeur.

La performance perçue est le fruit d'une gestion complexe. Si la solidité de la signature de l'État français est un gage de sécurité, c'est bien l'évolution des taux d'intérêt qui reste le principal chef d'orchestre de la rentabilité. Comprendre les risques associés et les alternatives, comme le cadre protecteur luxembourgeois, est tout aussi fondamental pour faire de l'assurance-vie un véritable pilier de votre stratégie patrimoniale.